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« Le Jouet des flots » Opération « Dahlia » 1944
Une mission d’exfiltration de résistants et d’aviateurs alliés au départ de l’Île-Tudy en février 1944 se termine en naufrage dans le Raz de Sein.
Dans la nuit du 2 au 3 février 1944, le lieutenant de vaisseau Yves Le Hénaff dont les parents possédent une maison sur la dune à l’Île-Tudy, a pour mission d’exfiltrer vers l’Angleterre Pierre Brossolette, Emile Bollaert et Emile Laffont du Comité français de la Libération, d’autres résistants ainsi que des aviateurs alliés. Ils prennent la mer sur la pinasse «Le Jouet des Flots» depuis la plage de l’Île-Tudy. L’ennemi est partout, la mer est démontée. Le bateau talonne et dans le Raz de Sein et une voie d’eau empêche le bateau de poursuivre sa route. Les hommes réussissent à rejoindre la terre ferme et s’éparpillent. Yves le Hénaff parvient à en évacuer quelques-uns, mais Pierre Brossolette est arrêté à Audierne. À son tour, Yves le Hénaff est arrêté par la Gestapo, incarcéré à Rennes et torturé. Il meurt dans le wagon qui l’emmène plus tard au camp de concentration de Dachau.
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Centre nautique
École française de voile, Spot Nautique et École des Mousses (de 5 à 7 ans). Location de catamarans, stand up paddles, kayaks, dériveurs, planches à voile. Marche aquatique.
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La rafle du 20 juin 1944
Une rafle allemande en juin 1944 décime les jeunes de l’île-Tudy.
Le 18 juin, dans la soirée, un convoi allemand est attaqué par la Résistance. L’attaque a eu lieu à Corroach, entre Combrit et Plomelin. Le lendemain, 19 juin, au lever du jour, une chasse à l’homme est organisée dans le secteur de l’échauffourée. Vingt-sept résistants sont arrêtés dont trois iliens.
Le lendemain, une patrouille allemande opère une rafle méticuleuse. Le lieutenant F.F.I., chef des maquisards de l’Île-Tudy, Edgar-Félix Guinvarch est le premier arrêté. Onze autres résistants de l’Île-Tudy, tous membres du groupe « Libération Nord Bataillon Bigouden », sont à leur tour interpellés. Les quinze victimes sont transférées à la prison Saint-Charles à Quimper, où ils restent cinq jours. Un premier convoi les conduit à Fresnes. Ils y restent un mois avant de quitter la France le 27 juillet dans des wagons plombés qui les mènent vers leur destin fatal. Buchenwald, Dora, Ellrich furent leur cimetière. Seuls deux revinrent.
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La Villa Kermaria
Le village de pêcheurs est devenu lieu de villégiature au tournant du XXème siècle. Des hôtels et des villas ont vu le jour pour accueillir les visiteurs.
La villa Kermaria fut édifiée vers 1895 par un Quimpérois, Victor Floch. Ce sont les débuts du tourisme à l’Île-Tudy. De fameuses régates organisées par la Société des Régates de l’Île-Tudy-Loctudy créée en 1884, attiraient des gens célèbres comme Aristide Briand, Président du Conseil ou le ministre Waldeck Rousseau. Des équipements hôteliers se développent et des résidences secondaires se construisent comme cette belle villa donnant sur la rivière. Le couturier parisien Paul Poiret, l’a louée en 1911 pour six mois. Il y accueille mannequins et amis artistes. Les peintres Bernard Naudin, et Raoul Dufy y séjournèrent ainsi que le poète quimpérois Max Jacob. Connu pour ses audaces et ses fêtes somptueuses, Paul Poiret trouva la maison « nue et mal meublée » et la transforma à son goût, ce qui ne fut pas celui du propriétaire qui l’assigna en justice ! Paul Poiret a également rencontré des difficultés de cohabitation à l’Île-Tudy avec les pêcheurs locaux. Malgré cela, il revint passer l’été suivant dans la région, mais sur l’autre rive, à Loctudy.
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La rue des dentellières
Activité de substitution pratiquée lors des périodes de chômage des ouvrières des conserveries, le picot bigouden est devenu un remarquable savoir-faire.
L'Île-Tudy, autrefois port sardinier très actif, a été rudement éprouvée par la crise sardinière au début du XXème siècle. Les ouvrières des conserveries se retrouvent sans emploi. Les ateliers de dentelle au point d'Irlande ont été développés par Sœur Pauline dans le Pays bigouden et ont connu un grand essor. À l'Île-Tudy, un atelier est ouvert en 1903 dans une maison appartenant aux religieuses, dans la rue des dentellières. Sœur Suzanne Videlo, qui dirige celui-ci, fait travailler quatre-vingt dentellières à l'atelier ainsi qu'une centaine à domicile. Durant la Seconde Guerre mondiale, les hommes n'étant pas autorisés à prendre la mer, le travail de la dentelle aide à nouveau à nourrir les familles. Deux îliennes, Clémentine Toularastel et Gabrielle Julien-Kerrest ont reçu le titre de « Meilleure Ouvrière de France » et ont travaillé pour des grandes maisons de couture comme Christian Dior.
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La place de la cale et l’Abri du marin
Cœur du village, la place de la cale est depuis toujours, le lieu d’échanges entre marins, habitants et touristes.
La place de la cale avec ses restaurants, ses bars, ses terrasses, est toujours le cœur de l’île. Autrefois, les bateaux y déchargeaient leur pêche. De la fin du XVIème au milieu du XIXème siècle, l'Île-Tudy était le premier port bigouden. On pêchait le congre d’avril à juillet, et la sardine d’août à la Toussaint. Au XIXème siècle, la sardine prend le pas sur les autres espèces, grâce au coup de fouet de la conserve. Au début du XXème siècle, avec 1240 habitants, 80 chaloupes et 380 marins, le port de pêche de l'Île-Tudy atteint son apogée. C’est l’époque où le philanthrope Jacques de Thézac fait construire dans les ports cornouaillais les « Abris du marin ». Peints en rose pour être facilement repérables, ils offraient aux pêcheurs venant relâcher hors de leur port d’attache «des endroits sains, bien chauffés, où ils peuvent se réunir sans être la proie des débitants ». L'abri du marin de l'île, de moins en moins fréquenté à cause de la fermeture des conserveries et de l'émigration des marins pêcheurs vers d'autres ports, a été vendu en 1933 et est désormais une maison particulière.
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Abri du canot de sauvetage
L’ancien abri du canot de sauvetage est devenu la Coopérative maritime en 1994, puis vendu à un particulier en 2003.
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La conserverie de la pointe et la cale sinueuse
La pointe de l’Île était animée par l'une des trois conserveries de sardines. Aujourd’hui l’école de voile a pris le relais.
En 1857 une conserverie de sardines voit le jour à la pointe de l’Île Tudy. Elle emploie essentiellement des femmes, six presses y fonctionnent. Elle dispose de sa propre cale, aujourd’hui utilisée par l’école de voile. Au fil du temps l’usine Martin à l’origine, a pris le nom de ses nouveaux propriétaires : Philippe et Canaud. Son activité prend fin en 1957. On peut apercevoir, depuis la rue des Vagues, la cloche qui tintait pour l’appel des ouvrières. La maison qui abrite cette cloche était la maison des maîtres de l’usine, elle jouxte l’actuelle école de voile. Une autre cale sinueuse se trouve à proximité ; elle servait au passeur pour déposer ses passagers à marée basse. Côté Boulevard de l’Océan, trois petites maisons qui se succèdent servaient de logis pour la contremaîtresse et de dortoir pour les ouvrières de l’usine.
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Statue et Maison de la Pointe
Avis aux amateurs d’art, les galeries vous ouvrent leurs portes ! La Maison de la Pointe et la Galerie du Port, un peu plus loin, proposent des expositions toute l’année.
“Le Joueur de Luth”, une statue en bois exotique de 2 mètres de haut occupe le terre-plein.
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Le phare de la Perdrix
Ce phare de la côte bigoudène n’a plus d’utilité pour la navigation mais il reste l’emblème de l’estuaire de la rivière de Pont-l’Abbé.
Cette tourelle de 17,40 mètres de haut surmontée d’un feu permanent fut construite en 1918, peinte en rouge à l’origine, puis habillée de damiers noirs et blancs en 1947, ce qui la rend unique. Édifiée pour signaler un plateau de roches dangereuses pour les navires, elle tient son nom de ce groupe de rochers. Située à l’entrée des ports de l’Île-Tudy et de Loctudy, elle reste « La Perdrix » pour les îliens, tandis qu’à Loctudy les habitants disent « les Perdrix » ! Les deux communes se sont battues en 1983 pour conserver les damiers noirs et blancs, puis en 2000 pour conserver la tourelle alors qu’elle était menacée de destruction par le service des Phares et Balises, suite à son déclassement dû au nouveau balisage latéral vert et rouge installé depuis. Restaurée ensuite à l’identique, elle a été à nouveau inaugurée en 2003. Elle reste un amer pour la navigation. Son centenaire a été célébré des deux côtés de la rivière de Pont-l’Abbé, en mer et à terre. La Perdrix demeure, avec le fameux Rouget de lÎ’le, l’un des deux emblèmes de l’Île-Tudy.
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Maison de maître de barque
Avec Kérity à Penmarc’h, l’Île-Tudy est le plus ancien port de pêche du Pays Bigouden (début du XIVème siècle). Avant le déclin de Kérity à la fin du XVIème et l’essor du Guilvinec au milieu du XIXème siècle, l’Île-Tudy était le premier port bigouden. C’est au début du XXème siècle, avec 3 conserveries, 1 240 habitants, 80 chaloupes et 380 marins que l’Île-Tudy atteint son apogée de port de pêche. Les ruelles de la pointe en témoignent, avec des nombreuses maisons de pêcheurs, dont une des plus petites est la maison d’un ancien maître de barque.
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L’église Saint-Tudy
La petite chapelle originelle du XVème a laissé place à cette belle église au XVIIIème sous le vocable de Saint Tudy.
La commune doit son nom à Saint Tudy, diminutif de Tugdual, évêque des Bretons du Vème siècle et saint patron d’une chapelle construite aux XIVème et XVème sur une presqu'île à l'entrée de la rivière de Pont-L‘Abbé. Ancienne trêve de Combrit, érigée en paroisse le 5 mars 1826, l’église a été reconstruite entre 1783 et 1787, puis agrandie en 1875 par l’architecte diocésain Joseph Bigot. Le grand porche, avec son arc brisé, ses voussures et ses tores, date du XVème tout comme à l’intérieur, certains piliers et la cuve baptismale. L’édifice, sans transept, possède un chevet plat éclairé par une maîtresse vitre ornée d’un vitrail contemporain réalisé par le peintre Maurice Rocher en 1970. D’autres vitraux aux thèmes marins datant des années 2000 éclairent la nef. De belles statues anciennes entourent l’autel : Notre Dame de la Clarté, du début du XVIème ainsi que Saint Tudy. Un ex-voto représentant un navire trois-mâts, le « Sainte-Anne », que l’on portait lors de la bénédiction de la mer, le jour du pardon est suspendu sous la nef.
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La base d'hydravions
Durant la Première guerre mondiale, l'Île-Tudy a accueilli une base américaine d'hydravions.
Idéalement placée entre l'archipel des Glénan, la pointe de Penmarc'h et la baie d' Audierne, dotée du plan d'eau abrité de l'anse du Pouldon, l'île-Tudy était idéalement placée pour accueillir entre 1917 et 1919, une base d'hydravions chargée de protéger les convois maritimes de ravitaillement arrivant des États-Unis. Française à l'origine, elle devint ensuite américaine. Une vingtaine d'appareils et 380 militaires effectuèrent ces missions de surveillance. Ils étaient logés à l'hôtel Jehanno sur la cale pour les officiers et dans l'ancienne conserverie Béziers, devenue Lecointre. Cette dernière accueille après la guerre le centre de vacances de l'évêché de Bourges et est connue désormais sous le nom de Berry-Tudy. Côté rivière, un ancien bassin réservoir d'eau de mer à marée basse témoigne encore des activités de la conserverie. Des installations de l'époque, il ne reste que quelques vieux plots
de béton sur la dune et la « cale américaine » qui permettait de remonter les hydravions depuis l'anse du Pouldon vers leurs hangars construits sur la dune.
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La digue de Kermor
L'Île-Tudy est devenue presqu'île lors de la construction de la digue de Kermor au milieu du XIXème siècle.
En 1852, après plusieurs épisodes de tempêtes ayant entraîné des brèches dans la dune et des submersions marines dans le marais, le projet de construction de la digue de Kermor voit le jour à proximité de l'ancien gué Truck. À cette époque, l'Île-Tudy était une île à part entière, longue d'environ 2500 mètres pour une largeur moyenne de 150 mètres, si exiguë que l'eau douce y était rare et légèrement saumâtre. Deux années de travaux, 2000 m3 de matériaux, 525 mètres de long, telles sont les mensurations de cet ouvrage qui marquera un tournant dans l'histoire de l’île. La digue a tracé un chemin permettant de rejoindre Combrit à pied sec et modifié largement le paysage par l'assèchement du marais et sa poldérisation, qui a permis son exploitation agricole et son urbanisation. Une étendue d'eau subsiste et participe à l'essor de la vie ostréicole : l'étang.